Petits travaux estivaux parce qu’ils le valent bien

Entre carénages et mouillages, les petits travaux de matelotage viennent compléter l’entretien des gréements traditionnels. L’occasion de regarder de près les amarrages sur les rides, les haubans, les divers éléments du gréement dormant et courant ici une épissure, un amarrage, là un bonnet, une surliure…

vieux grem'

Les bateaux dits « vieux » gréements ou gréements « tradis » se définissent certes parce qu’ils ont été des pêcheurs, des caboteurs, des pilotes, donc sont classés en genres par leurs profils et formes de coque, soit aux caractéristiques propres dues à leur fonction devant charger lourd ou volumineux, devant aller vite et revenir d’autant plus rapidement au port, devant être très manœuvrant dans les abers ou dans les chenaux.
Pour tout cela honneur à la charpente et à l’art du charpentier. Respect et admiration pour ces œuvres d’art.

…celui qui vit la mer plutôt que la consommer…

Et pourtant ces canots-là, se désignent comme étant des « gréements », en misainier, en cotre, en tartane, en ketch, en sloup, en goélette en brick, avec ou sans tapecul, à voile aurique, latine, carrée, avec des livardes, des cornes, des bômes, des vergues… (énumérations non exhaustives). Ce qui veut dire des « bouts de bois » haubanés, hissés, halés, étarqués, étayés, avec des câbles, et des cordages de toutes sections et invariablement matelotés et noués. Ainsi, le gréement c’est un savoir-faire, technique, subtil, complexe et simple à la fois, c’est une raison d’être et l’objet d’une attention particulière du marin. De tout marin, du moins de celui qui vit la mer plutôt que la consommer en produit de masse avec des engins bruyants, polluants, énergivores, qui chauffent et brûlent le peu de ressources naturelles qui restent. Soit des embarcations et des comportements qui se situent exactement à l’opposé de ce que le sens commun et l’intérêt général relativement à l’état de la planète nécessiteraient.

…partager ces moments en équipage, en collègues, en potes, en amis. C’est tout bonnement du vivre ensemble quoi.

mouillage

Mais là n’est pas le sujet, car il s’agit ici simplement de saluer ces passionnés, amoureux de la mer, du vent, qui savent lire une vague, lire un courant, lire une risée, lire le frémissement de la toile en limite de faseyer, qui savent écouter le bois, la toile, le vent, l’eau et le chant du bateau dans cette polyphonie nautico-vélique. Juste cette symphonie-là qui est la musique du silence, car sans le vrombissement rageur d’une mécanique agressive et assourdissante. Et pour cela, eh bien, il y a les rituels des petits et gros travaux annuels, ceux où il faut gratter, poncer, calfater, jointer, nouer, épisser, surlier, se salir, se taire, papoter, se chamailler, trinquer, manger, se salir encore, se foutre de la gueule du crétin qui vient demander si on a pas une batterie pour son putain de jet-ski, se foutre le gueule très ouvertement et avec une certaine indignation, de ceux qui, pour faire démonstration de leur virilité, sont dans la surenchère du plus gros « zozo » avec des noms de modèles tous plus évocateurs les uns que les autres. Bref, avec un bout de bois et un bout de bout' dans les mains, partager ces moments en équipage, en collègues, en potes, en amis. C’est tout bonnement du vivre ensemble quoi.

Trigorioù participe avec plaisir à ces moments de chantier naval, parce que, même si le travail en soit est ingrat ou modeste, l’amour de bien faire les choses, même avec de petites choses en apparence insignifiantes comme une surliure, c’est avant tout l’aventure humaine et la satisfaction de belles navigations à venir sur des canots dont on sera fiers et en harmonie avec les éléments qui font la différence.